L’éveil n’a pas d’âge, tout comme la bêtise. J’ai regardé bon nombre de jeunes incarnations qui envisagent la vie en corps, en esprit et en âme. Certains reçoivent des appels puissants, d’un ailleurs.
Ils ne peuvent envisager leur existence hors de Mère Nature, rejetant les cités bétonnées de Le Corbusier, se passionnant pour le chamanisme, s’ouvrant à l’univers. Ils sont sujets à des visions troublantes, ressentent des présences et ne se résolvent pas à accepter que la matière soit l’unique dessein de l’Humanité.
Ils sont en conscience que la Terre est soumise à rude épreuve, aux prises avec nos ambitions dévorantes, piqués d’avidité, engagés dans notre course au progrès incessant pour le bien des Hommes, justifiant ainsi nos empreintes dévastatrices sur cette écorce sacrée. Une Terre qui est la proie de nos énergies de conquistadors burnés, voleurs de territoires, de ressources, junkies au pouvoir absolu, à la domination éducative des peuples. D’aucuns estiment nos temps chaotiques. Du jamais vu. Du déjà vu. Il suffit de remonter à 1914, 1929, 1933 et les autres. Nous nous enkystons sur tous les fronts et les génocides, depuis une éternité.
Une certaine jeunesse sort des rangs de l’ordre, s’exprime tel le sage, une vieille âme qui parlerait à son esprit lui indiquant qu’une autre voie est à emprunter.
Pas celle du Larzac est de sa beuh des seventies, fusible qui met lentement et sûrement son libre-arbitre sur le grill, mais celle d’une connexion consciente, sans paradis artificiels, à son souffle de vie. C’est étonnant. 43 % des moins de 35 ans croient en la réincarnation, selon un sondage IFOP publié en septembre 2023. Une partie de ceux nés le jour de la chute du mur de Berlin, de la libération de Nelson Mandela, des attentats du 11 septembre… sont en sens, en compréhension de l’essentiel : leur intérieur. Ils ne s’attachent pas à la déco mais aux fondations.
Le menu présenté dans la nomenclature des sociétés leur est indigeste. Si certains adoptent la posture de l’indifférence, de la fuite, de l’arrogance, du nouveau combattant matricé par ses aînés, reprenant le flambeau égotique à pleine main, visant le Who’s Who et appréciant l’autre comme une simple chair à canon – la lutte des classes ad vitam eternam – d’autres prennent une grande inspiration.
Ils ne sont pas défaitistes, hors système, désabusés, haineux, ils sont dans la compréhension innée que l’expérentiel est inévitable, quel qu’il soit. La colère ne les habite pas. Ils composent avec les réalités. Je suis impressionné par leur capacité à prendre soin d’eux, à ne pas ramper pour être acceptés par une tribu inconsistante, volatile, à ne pas se soumettre à l’image populaire followée, à ne pas rejoindre la Blitz vindicte. Ils posent un regard tendre sur les dispersions. Ils ont mieux à faire. Ils sont engagés, en bien, et redonnent confiance à celles et ceux qui doutent, s’égarent. Les angélologues nous parleraient d’anges terrestres. Peut-être en avez-vous croisé.
La jeunesse de l’esprit ne sous-entend pas la jeunesse de l’âme. S’ils croient en la réincarnation, ils croient en l’âme et l’écoutent, lui parlent. Elle les guide.
Ils sont des milliers, des millions, et espérons plus, à émettre leurs pensées d’amour, en se couchant, en se réveillant, en constance. Ils sont dans la célébration de la vie, qu’ils la vivent sous les dorures ou les bombes. Ils sont résilients par nature et si le malheur effrite leurs piliers de vie quelque temps, il ne les détourne pas de leur cœur. Le pardon ultime. Difficile à entendre pour la plupart d’entre nous.
Ils ont vingt ans et sont initiés au Tout, balayant nos préjugés que les esprits de la jeunesse sont insipides, carnivores, frivoles, à éduquer en conformité. Ils sont nos anges gardiens.
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